dimanche 1 janvier 2017

Syrie

"Le cousin Jean qui me tient lieu de petit frère est près de moi. Il a neuf ans et s'en ira lui aussi mourir soldat, en Syrie cette fois, et dans une autre guerre.

Non pas, Dieu merci, la fratricide où, sans y mettre les pieds, le grand-duc d'Occident remportera en 1941 sa première victoire sur les Français, mais en 1926 quand la république jugeait encore bon de soutenir là-bas la fortune des Francs au péril des Druses et autres infidèles. Notez bien qu'aujourd'hui même en ces hauts lieux turbulents où Mahomet transporté dans sa gloire de bitume veut planter de nouveau son drapeau vert sur le Sinaï et le Golgotha, la France, mère des arts des armes et des lois, est toujours présente, au moins par les armes. Elle en fournit à qui en veut, de préférence à l'Islam, et cette fois la péripétie est bien nommée. Quant à l'hypothèse où nous irions de nouveau, en chair et en os, guerroyer dans ces coins-là, j'ai idée qu'alors la mémoire de saint Louis ne serait pas dans les bagages. Nous lui avons quasiment réglé son compte. Irritante mémoire, bondieuserie colonialiste, imagerie infantile que nos princes tonsurés ou chevelus mais œcuméniques en diable auront jetées en pâture de la conscience universelle et cathare pour entonner les litanies du pétrole : appariteur des fidélités nucléaires, sauveur du tiers monde, rachat de l'Occident, ultime raison des lieux saints, élévateur du niveau de vie, rosée du bien-être et fontaine de Jouvence, feu de la terre, conquérant du ciel etcétéra mais je crois entendre Marguerite : « Voyons, mon petit Jacques, à l'âge où te voilà ce n'est pas bien de parler comme tu le fais, ça n'a pas de sens commun. » L'expression était chez nous de service courant mais on prononçait sancommun et jusqu'au jour où je sus l'orthographe j'estimais excessif qu'on pût contester chez l'un de nous pour un oui pour un non le sang commun de la famille."